Le Tchad, dernier pays sahélien à abriter des forces françaises, a assuré, jeudi 28 novembre, mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris, une annonce survenue quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
Ce jeudi 28 novembre 2024, marque un tournant décisif dans la coopération de défense entre le Tchad et la France. Dans un communiqué, le Ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères, Abderaman Koulamallah, a déclaré mettre un terme à la coopération de défense avec la France. Cette annonce intervient lors de la célébration de la 66e anniversaire de la proclamation de la République du Tchad et la visite officielle du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
« Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, dans un communiqué.
Le Tchad est un maillon-clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
D’après le communiqué du Ministre des Affaires Etrangères M. Koulamallah, « Le Tchad a grandi », et « La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri, et qu’il est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », avait relevé un peu plus tôt M. Koulamallah à l’issue d’une rencontre entre le président, Mahamat Idriss Déby Itno, et M. Barrot.
En mai se sont achevées à N’Djamena trois années de transition avec l’élection de Mahamat Idriss Déby Itno, porté au pouvoir par la junte militaire après la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué par des rebelles au front. Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser celles-ci en 2008, puis en 2019.
« Ce n’est pas une rupture avec la France, comme au Niger ou ailleurs », a assuré le Ministre d’Etat M. Koulamallah, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l’accord, s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis », précise le communiqué ministériel, qui n’évoque pas de date de retrait des troupes françaises.
Cette annonce survient alors que le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a également déclaré jeudi 28 novembre 2024, que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal, invoquant lui aussi l’argument de la souveraineté.
Au Tchad, la décision a été « prise après une analyse approfondie » et marque un « tournant historique », a insisté M. Koulamallah dans son communiqué. « Après soixante-six ans depuis la proclamation de la République du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il ajouté, assurant que la visite de M. Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales « à tous les niveaux ».
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