Le mardi 17 septembre 2024, Bamako s’est réveillé sous le choc après une série d’attaques coordonnées visant des sites stratégiques de la capitale. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué ces actions qui ont ciblé l’aéroport Modibo-Keïta et l’école de gendarmerie de Faladié. Dans un communiqué publié en fin de matinée, l’organisation djihadiste a qualifié ces attaques d’« opération spécifique », prétendant avoir infligé de lourdes pertes humaines et détruit plusieurs avions militaires.
Les premières détonations ont été entendues aux alentours de 5h30, semant la panique dans la capitale malienne. Les combats se sont concentrés autour de deux cibles majeures : l’aéroport militaire situé au sud de Bamako, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, et l’école de gendarmerie dans le quartier de Faladié. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des impacts de balles sur les vitres de la zone d’embarquement de l’aéroport, qui a rapidement été fermé.
Selon un officier malien, l’attaque contre l’école de gendarmerie a fait « plusieurs morts », bien que le bilan précis n’ait pas encore été communiqué officiellement par les autorités. L’école abrite des unités d’élite comme le Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi) et le Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (PIGN). L’état-major des armées a rapidement affirmé que la situation était « sous contrôle » et que des opérations de ratissage étaient en cours.
La capitale malienne n’avait plus été la cible d’une attaque d’une telle ampleur depuis 2016, lorsque l’hôtel Nord-Sud, siège de la mission de formation de l’Union européenne pour l’armée malienne, avait été visé. Depuis, la menace djihadiste, bien que toujours présente, avait principalement touché les régions nord et centrale du pays. Cependant, en juillet 2022, une attaque complexe à la voiture piégée, également revendiquée par le GSIM, avait ciblé le camp militaire de Kati, fief de la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta.
Cette nouvelle offensive survient dans un contexte particulièrement tendu pour le gouvernement malien, qui s’apprête à célébrer le 22 septembre, la fête de l’indépendance du pays. Elle coïncide également avec le début du procès lié à l’achat controversé d’un avion présidentiel et d’équipements militaires sous l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), renversé en août 2020. Plusieurs personnalités civiles et militaires sont accusées de corruption dans cette affaire, dont certains détenus se trouvent à l’école de gendarmerie visée par l’attaque.
Ces événements constituent un affront direct pour la junte militaire dirigée par le colonel Goïta, qui a fait de la reconquête de la souveraineté nationale son cheval de bataille depuis son arrivée au pouvoir. Les forces armées maliennes, déjà sous pression dans les zones rurales face aux groupes armés, doivent désormais faire face à une menace accrue dans la capitale elle-même.
Le GSIM, principal groupe djihadiste opérant au Sahel, continue de s’implanter dans plusieurs régions du pays malgré les efforts conjoints des armées maliennes et étrangères pour l’enrayer.
Alors que le Mali se trouve à un tournant politique et sécuritaire, cette attaque soulève de nouvelles inquiétudes sur l’évolution de la situation dans le pays. Le retour en force des djihadistes dans des zones autrefois considérées comme relativement sécurisées pourrait marquer le début d’une nouvelle phase de violence, particulièrement à l’approche d’échéances importantes pour la junte au pouvoir.
Il reste à voir comment les autorités réagiront à cette attaque et si de nouvelles mesures de sécurité seront prises pour prévenir d’autres incursions djihadistes dans la capitale malienne. Pour l’heure, les opérations de ratissage se poursuivent, tandis que le bilan de ces attaques reste à établir.
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