Loi de finances 2025 : Les instructions du chef de l’Etat dans la lettre de cadrage
Actualités Actualités économiques Economie Nationale

Loi de finances 2025 : Les instructions du chef de l’Etat dans la lettre de cadrage

Dans une circulaire signée le 5 août 2024 par le président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno demande aux différents membres du gouvernement et aux présidents des grandes institutions de structurer le budget autour du Plan national de développement (PND) 2024-2028.

Pour l’année 2025, sur la base des projections des recettes fiscales et douanières, il est prévu une croissance de 5,47% soutenue par les activités non pétrolières qui croitront de 5,7% et une augmentation du PIB pétrolier de 4,5%. Aussi, tous les secteurs de l’économie contribueront positivement à la performance économique nationale.

Entre les lignes de la lettre de cadrage, le secteur primaire croîtrait de 4,4%, principalement grâce à une hausse de 15% dans le secteur minier, une quasi-stabilisation de la production pétrolière et une progression de 6,6% des cultures de rente, grâce à la culture du coton qui sera porté à 150 000 tonnes, mais aussi aux autres cultures d’exportation et de transformation, à savoir la gomme arabique, le sésame, l’arachide, le riz et bientôt l’anacarde. Outre, les ressources propres, ces productions, très demandées sur le marché international, bénéficieront, de la grande mobilisation des partenaires au développement au travers de nombreux projets.

Cette année, comme tout au long du quinquennat, le gouvernement entend prendre toutes les initiatives pour doubler à l’échéance la production céréalière (mil, sorgho, maïs…), pour apporter de 3 millions de tonnes l’an, à 6 millions de tonnes par an, pour asseoir une souveraineté alimentaire et pour vendre le surplus à l’export.

Le secteur secondaire devrait enregistrer une croissance de 6,6%o, soutenue par la forte augmentation des travaux de construction (+25%) et une hausse de la production de coton fibre (+10,3%). Le secteur tertiaire connaîtrait aussi une croissance de 6,6%, principalement en raison de la hausse des services aux entreprises (+15,3%), de communication (+10%) et d’hôtellerie et restauration (+10%). Le taux d’inflation serait contenu au seuil communautaire de 3%.

Les objectifs du gouvernement pour l’exercice 2025

Dans la circulaire, les objectifs visent à augmenter la production agricole et valoriser l’élevage ; poursuivre la modernisation du système de santé, en mettant un accent particulier sur la production locale des médicaments pour lesquels il est à observer un avantage comparatif du fait des coûts de transport ;  de développer une économie résiliente et diversifiée ;  de rendre l’eau et l’énergie accessibles à tous ; de construire des infrastructures routières et des pistes rurales pour désenclaver le pays et rapprocher les marchés des zones de productions ;  de renforcer la paix, la réconciliation nationale et la sécurité ; de promouvoir un État solidaire pour tous ;  refonder le système éducatif et bâtir un plan ambitieux pour la jeunesse et les sports ; promouvoir les droits de la femme et son rôle dans la société ;  de renforcer le rayonnement du Tchad à l’étranger et faire de la diaspora un véritable levier de développement  et enfin de promouvoir les merveilles culturelles, artistiques et touristiques du Tchad.

Les orientations pour les dépenses pour l’exercice 2025

Pour l’exercice 2025, il est exigé que les dépenses d’investissements reflètent une cohérence globale, tant pour ce qui est des investissements financés sur des ressources propres que pour ceux financés sur ressources externes, en évitant les doublons, tout en assurant un développement harmonieux des territoires. « Ce faisant, il est primordial de continuer de réduire significativement les dépenses avant ordonnancement (DAO), de justifier toute proposition de dépense avant sa budgétisation, de rationaliser les dépenses non prioritaires et de prioriser les dépenses sociales ayant un impact réel sur la population », peut-on lire dans la circulaire.

La défense et la sécurité sont garantes de la paix et de la stabilité, essentiels à la quiétude des populations et à la durabilité des actions. Pour ce faire, le gouvernement veillera à préserver l’intégrité territoriale, maintenir l’ordre et la sécurité intérieure. A cet égard, le président de la République Mahamat Idriss Déby Itno instruit les ministres de la Défense et de la Sécurité de déployer des moyens diversifiés pour poursuivre la réforme de l’armée. « Tout en dotant celle-ci des équipements indispensables à sa montée en puissance, tant pour ce qui est des forces de sécurité intérieure que pour ce qui est des armées de terre et de l’air », indique-t-on.

Selon la lettre de cadrage, la promotion de la bonne gouvernance, de l’État de droit et des valeurs démocratiques est un axe majeur de l’action gouvernementale et doit faire l’objet d’un suivi particulier. Les différents ministères et institutions doivent instaurer un mécanisme d’évaluation de la performance des services dans le respect, des textes régissant la Fonction publique et les établissements publics pour améliorer les conditions de travail des agents et réduire le train de vie de l’État. « Il est impératif d’appliquer strictement la législation en vigueur en matière de lutte contre la corruption, la concussion, le trafic d’influence, l’enrichissement illicite et les infractions connexes, notamment par le renforcement des procédures de gestion et l’informatisation des processus de passation des marchés publics. Une attention particulière doit être accordée à la justice, pilier de notre vivre-ensemble, en renforçant la crédibilité de celle-ci, les capacités des tribunaux et en améliorant les conditions de travail des magistrats », souligne Mahamat Idriss Déby Itno.

Selon lui, la politique sociale doit prioriser les secteurs de l’éducation, de la santé, de la jeunesse, de la promotion de la femme et de la solidarité nationale. Sur le plan éducatif, d’après le chef de l’Eta, le gouvernement doit s’engager pour une éducation de qualité, y compris numérique et surtout scientifique et technique. « Cet engagement reste la pierre angulaire de nos politiques publiques. Cela inclut la refonte du système éducatif en vue d’un accès universel à une éducation de qualité, avec des moyens supplémentaires alloués à la rénovation des écoles primaires, des collèges, des lycées, des universités et des centres de formation professionnelle », renseigne le document.

S’agissant de l’enseignement supérieur, le Ministère de l’Enseignement supérieur doit poursuivre la mise en œuvre des formations de qualité et créer des conditions de travail adaptées aux enjeux actuels. « La construction et la rénovation des infrastructures universitaires et des écoles professionnelles doivent inclure la dimension numérique. Le département chargé de la formation professionnelle doit veiller à la mise en place des programmes professionnels répondant aux besoins du marché de l’emploi, notamment les métiers ayant trait au numérique, à l’industrie et au monde de l’entreprise, en général », fixe ladite circulaire.

En matière de santé, il est à savoir entre les lignes que la réforme de la politique nationale de santé doit se poursuivre, dans l’optique d’une amélioration des capacités nationales de riposte aux épidémies et d’une mise en place progressive de la Couverture Santé Universelle, qui priorise les populations vulnérables, les personnes âgées, la gratuité des soins d’urgence et les accouchements pour protéger les femmes et les nouveau-nés. « L’amélioration de la qualité des services et la protection du couple mère-enfant doivent être prioritaires. Dans le même temps, notre politique et nos dispositifs, en matière d’approvisionnement en médicaments, doivent mettre en avant la CPA (Centrale Pharmaceutique d’Approvisionnement), de sorte qu’elle puisse importer et distribuer sans entraves, toute sorte de médicament, autorisé au Tchad. La CPA doit demeurer l’entité de référence en matière d’approvisionnement des différentes formations sanitaires publiques, au moyen des contrats d’achats basé sur les crédits ouverts en leur faveur dans le Budget Général de l’Etat », précise le président de la République.

Au titre de la solidarité, l’on fait savoir que le système d’assistance sociale doit davantage fournir un soutien financier aux personnes en situation de précarité, telles que les personnes handicapées, les personnes âgées sans famille, ou les familles en détresse. Les Ministères en charge de l’Économie et de l’Action sociale sont invités à déployer des programmes ambitieux pour garantir un filet de sécurité sociale aux populations vulnérables, où qu’elles se trouvent sur le territoire national, en ce compris les réfugiés.

La politique pour la jeunesse doit favoriser un environnement propice à l’entrepreneuriat, selon l’esprit de cette circulaire. Le gouvernement est donc invité à faciliter l’accès aux financements, à soutenir les projets innovants et à mettre en place des incubateurs. Le ministre en charge du commerce et celui en charge de la jeunesse doivent s’assurer de l’élaboration de la loi relative au Startup pour booster l’entreprenariat des jeunes.

Le Ministère en charge de la Femme doit aussi lancer une initiative nationale pour l’emploi et l’autonomisation socio-économique des femmes. Les programmes de financement pour les femmes en zones rurales doivent être élargis pour faciliter leur inclusion économique et financière.

Le sport, ciment de la société, doit être valorisé davantage et les ressources conséquentes libérées – du fait de la restructuration des structures chargées de la jeunesse et des sports – doivent faire l’objet d’une inscription détaillée et réaliste dans le budget général de l’État, au titre du Ministère de tutelle. Ceux-ci permettront une meilleure prise en charge des activités sportives sur toute l’étendue du territoire et au titre de toutes les disciplines, dans le respect du principe de subsidiarité devant exister entre l’État, les fédérations, les ligues et le Comité Olympique, qui, pour certains, doivent émarger sur les propres budgets et ressources. Et, le tout en mettant en avant le sport et les sportifs et en évitant les dépenses sans réel impact.

Pour l’année 2025, des actions concertées seront menées dans les secteurs clés, notamment ceux de l’énergie, de l’eau, du numérique, du transport et du secteur agro-pastoral. Dans le secteur de l’énergie, il importe d’exploiter le potentiel solaire pour augmenter la production électrique et améliorer l’économie mix-énergétique. « Le programme d’adduction d’eau potable doit être accéléré dans les centres urbains en même temps que la construction et/ou réhabilitation des châteaux d’eau, et le programme « un village, une source d’eau » doit être défini et déployé dans le monde rural, pour couvrir les besoins non satisfaits », prévient cette note. En outre, poursuit la circulaire, l’administration doit être davantage digitalisée pour améliorer son efficacité et sa productivité. Les actions doivent inclure l’opérationnalisation d’une plateforme E-gouvernement, la promotion des TIC, et le développement de l’enseignement supérieur dans les domaines de l’intelligence artificielle et de l’enseignement en ligne. « Les investissements doivent prioriser la construction des routes, des ponts, des voiries urbaines, l’énergie et les télécommunications pour soutenir le développement économique et améliorer la connectivité régionale et nationale », peut-on savoir dans ledit document. A ce titre, il est nécessaire de mobiliser davantage des financements propres et additionnels pour soutenir l’assainissement de la capitale et des villes de provinces, la construction future de l’aéroport de Djarmaya, la poursuite des divers chantiers déjà lancés ou à venir, de stades, d’écoles, d’universités, d’hôpitaux et de centres de santé et pour aménager et étendre les zones de production agricole, notamment les casiers rizicoles A, B, et C dans le Mayo Kebbi-Est ainsi que ceux de N’Djamena Fara pour la production du riz et les polders du Lac, pour ce qui est de la production du blé et du maïs.

Les directives pour le budget 2025

La preparation et l’élaboration du projet du Budget de l’Etat pour I’exercice 2025 s’inscrivent dans une dynamique ambitieuse visant à consolider les acquis, accélérer la réforme de l’État et améliorer les conditions de vie de la population. Pour ce faire, je réitère avec insistance mon appel aux responsables des grandes institutions et départements ministériels à s’investir personnellement et avec détermination dans la préparation des projets de budget pour l’exercice 2025 de leurs différentes structures. Il est impératif que ces budgets reflètent intégralement les priorités du Gouvernement. En tenant compte des plafonds des enveloppes budgétaires, le chef de l’Etat exhorte à prioriser avec discernement les actions et les activités, objets de la programmation budgétaire, afin de consolider et pérenniser les acquis des politiques antérieures tout en intégrant les nouvelles orientations découlant de son programme politique. « Je tiens également à souligner notre responsabilité collective de veiller strictement au respect du calendrier budgétaire. Il est essentiel d’instaurer une rigueur accrue dans l’amélioration de la qualité de la dépense publique et la prudence budgétaire doit demeurer une règle intangible. La réussite de cette entreprise repose sur notre capacité à conjuguer rigueur, innovation et efficacité dans la gestion des ressources publiques, tout en restant fermement ancrés dans les principes de bonne gouvernance et de transparence. Ensemble, nous devons nous engager à optimiser chaque investissement public pour garantir une croissance durable et inclusive, bénéfique à l’ensemble de nos concitoyens », dit-il.

Telles sont les grandes orientations devant guider le processus de préparation du Budget Général de t’État pour l’exercice 2025.

Djasrabé Ndingamndôh

    Laisser un commentaire

    • Rating
    X