Ahmadou Kourouma, né le 24 novembre 1927 à Boundiali en Côte d’Ivoire et mort le 11 décembre 2003 à Bron en France, est un écrivain ivoirien engagé.
Ahmadou Kourouma est un écrivain ivoirien d’ethnie malinké. Son nom signifie « guerrier1 » en langue malinké. Son père est un marchand de noix de kola. Il vit une partie de son enfance à Togobala en Guinée2. Ce lieu a constitué un des cadres de Les Soleils des indépendances, sa première œuvre. Sous la responsabilité de son oncle Fondio, il fréquente l’école rurale de Boundiali, à partir de l’âge de sept ans, dès 1935. Il poursuit ses études à l’école régionale de Korhogo (dans le nord de la Côte d’Ivoire) (1942), à l’école primaire supérieure de Bingerville (1943) et à l’école technique supérieure de Bamako (1947). Deux années plus tard, il est renvoyé de l’école pour avoir conduit des mouvements estudiantins et retourne en Côte d’Ivoire en tant que tirailleur au Bataillon autonome de Côte d’Ivoire à Bouaké2. Cette période coïncide avec les luttes pour l’indépendance des colonies africaines. Il est arrêté pour insubordination après avoir refusé de prendre part à des interventions visant la répression des manifestations du Rassemblement démocratique africain (RDA). Comme sanction, il est emprisonné, dégradé et forcé de se rendre en Indochine2.
De 1950 à 1954, il est envoyé comme tirailleur sénégalais en Indochine, à titre disciplinaire, avant de rejoindre la métropole pour suivre des études de mathématiques et d’actuariat à Lyon en France (à l’ISFA, Institut de science financière et d’assurances). En 1960, lors de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, il revient vivre dans son pays natal. En 1961, il travaille comme sous-directeur de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. Mais il est très vite inquiété par le régime du président Félix Houphouët-Boigny. Il connaît la prison avant de partir en exil dans différents pays dont l’Algérie (1964-1969). Là-bas, il participe à la création de la Caisse algérienne d’assurance et de réassurance2. Il quitte l’Algérie pour la France en 1969. Il est embauché da…
En 1968, son premier roman, Les Soleils des indépendances, porte un regard très critique sur les gouvernants de l’après-décolonisation. En 1972, il tente de faire représenter sur scène sa pièce de théâtre Tougnantigui ou le Diseur de vérité. En 1988, son deuxième roman, Monnè, outrages et défis, retrace un siècle d’histoire coloniale. Sa vie sportive et familiale, et surtout ses activités professionnelles d’assureur itinérant, exigeant de nombreux déplacements, ont largement freiné sa production littéraire qui est restée à l’état d’ébauche ou de projets. Ce n’est qu’à l’âge de la « pleine retraite » qu’il a pu reprendre pied dans le monde littéraire, et réaliser quelques projets avec un indéniable succès.
En 1998, son troisième roman, En attendant le vote des…
En 2000, son quatrième roman, Allah n’est pas obligé, raconte l’histoire d’un enfant orphelin qui, parti rejoindre sa tante au Liberia, y devient enfant soldat. Ce livre obtient le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens. La même année, il est récompensé par le grand prix Jean-Giono pour l’ensemble de son œuvre3.
Lorsqu’en septembre 2002, la guerre civile éclate en Côte d’Ivoire, l’écrivain déjà malade prend position contre l’ivoirité, « une absurdité qui nous a menés au désordre » et pour le retour de la paix dans son pays. Il meurt le 11 décembre 2003 à Bron4.
Au moment de sa mort, il travaillait à la rédaction d’un nouveau livre, Quand on refuse on dit non, une suite d’Allah n’est pas obligée : le jeune héros, enfant soldat démobilisé, retourne en Côte d’Ivoire à Daloa, et vit le conflit ivoirien. Ce roman est publié à titre posthume en 2004.
L’épouse d’Ahmadou Kourouma, rencontrée pendant son séjour à Lyon, est de citoyenneté française : le couple a eu quatre enfants. Onze ans après sa mort, en novembre 2014, sa dépouille est transférée de Lyon en Côte d’Ivoire.
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