Hissein Adamou Camara : L’expert-comptable enfoui dans le manteau d’un styliste-créateur de mode
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Hissein Adamou Camara : L’expert-comptable enfoui dans le manteau d’un styliste-créateur de mode

Comme ces nombreux jeunes tchadiens passionnés de la mode, Hissein Adamou Camara fraie son chemin à travers ses créations par la coupe des vêtements. Alors que ses parents souhaitaient le voir exceller dans son domaine d’expertise-comptable, le patron de Camara Création sort de sa zone de confort en embrassant la couture.

Etudiant en grande partie dans la capitale tchadienne, N’Djaména passant par le lycée Félix Eboué, le Lycée technique commercial sanctionné par le bac G2, et l’école nationale des instituteurs, Hissein Adamou Camara a poursuivi ses études en comptabilité de gestion après la normalisation des études comptables en France, option Expertise comptable. Tout petit, l’expert-comptable a commencé à s’intéresser à la couture suivant les traces de sa grand-mère maternelle qui l’initiait déjà à ce métier manuel. Hissein Adamou Camara, bien que très brillant à l’école est beaucoup encouragé par sa grand-mère au métier manuel qu’est la couture. Et c’est en autodidacte que le promoteur de Camara Création, Hissein Adamou Camara s’y était lancé dans la couture. « Je faisais des bonnes choses mais j’étais simplement trop lent alors je me disais que, même si je faisais ce métier, je ne serais jamais riche et c’était là le déclic pour commencer une formation », se rappelle-t-il.

Après les études d’expertise-comptable, Hissein A. Camara vire dans la mode

Hissein qui veut devenir un professionnel de la couture met les bouchers doubles dans sa formation alliant l’école et la couture. Il débute par la Coupe et la Couture au Cameroun pour continuer à l’institut des métiers à Dakar au Sénégal. Ensuite, il s’envole à nouveau pour Paris en France pour s’inscrire à l’Educatelle avec pour spécialisation : Stylisme de mode option : coaching.

La naissance de Camara Création

Les parchemins en poche et assuré de la maîtrise de la coupe et de la couture, Hissein son retour au bercail pour lancer Camara Création offrant aux amoureux de la mode diverses prestations allant de la couture mixte au prêt-à-porter en passant par la formation en stylisme et en mode, la formation en perfectionnement pour les créateurs en herbe, la formation des mannequins ainsi que de l’évènementiel.

Avec ce backround, Hissein Adamou Camara pouvait mieux exceller dans le monde professionnel. Cependant, Camara voudrait travailler à son propre compte. « Il y a déjà l’arbitrage entre travailler dans un bureau pour quelqu’un et travailler pour soi-même. L’unité de mesure était le salaire. J’ai juste jugé que c’est beaucoup intéressant de gagner 200.000 et être libre que de gagner 300 ou 400.000 avec quelqu’un et ne pas être libre.  Au début, c’était difficile parce que j’en avais toujours l’intention de garder le garder le salaire et travailler pour moi-même mais quand j’essaie de mesurer cela avec le nombre des personnes que j’emploie, il n’y avait pas match entre l’argent que je pouvais gagner avec ma propre entreprise et la liberté de voyager partout à travers le monde. C’était juste un choix et quand je suis dans la couture, je ne me sens pas en train de travailler. Je suis dans mon environnement naturel », soutient-il.

Malgré ses multiples occupations à Camara Création, Hissein Adamou Camara continue de faire de la consultance s’il est sollicité. « Je continue par faire de la consultance pour quelques clients qui me sollicitent mais je suis plus basé ici chez Camara Création pour faire de la couture », confie-t-il tout en précisant qu’au début tout n’a pas été rose. « J’étais le petit rebelle de papa (…rire..) lui, il voulait m’avoir à ses côtés. Il me donne de l’argent de poche quand il veut mais comme je gagnais mon propre argent, j’étais le petit rebelle », explique Hissein Adamou Camara.

Tout-petit mais chef d’atelier de couture

Avec cette envie d’être indépendant, Hissein reconnait tout de même qu’il n’avait pas assez d’argent. « D’abord il faut dire que j’ai travaillé pour acheter la première machine puis la deuxième puis embaucher la 1ère, deuxième et troisième personne étant très jeune », lâche-t-il tout souriant.

A 12 ans, il n’est pas évident de tenir un atelier de couture et gagner facilement la confiance de la clientèle. Cependant, par le truchement de quelques clients satisfaits des prestations de Hissein Camara qui faisait le marketing de proximité en sa faveur, la mayonnaise a pris, lentement.

Ne rien lâcher

Des qualités et défauts, Hissein en a. Néanmoins, la détermination et la persévérance de Hissein Adamou Camara ont nettement payé. « Je mène toujours à bout un projet quand j’entreprends quelle que soit la difficulté.  J’ai envie de tout apprendre moi-même et de tout essayer. », reconnait-il comme défaut.

Le climat des affaires au Tchad, pour le moins qui puisse être dit est diversement apprécié. De l’avis du patron de Camara Création, il faut être très impliqué dans le système pour réussir à tirer son épingle du jeu. « Dans une ville comme N’Djaména, le nombre des consommateurs de nos projets est trop minime.  Quand on essaie de voir la clientèle, il faut faire deux ou trois fois l’effort que les gens le font ailleurs pour pouvoir garder parce qu’il suffit qu’une personne fasse une campagne toxique contre vos produits et tout le reste s’en va. », estime-t-il.

Pour lui, il faut être en perpétuelle concurrence avec le monde extérieur pour survivre. « Il faut que l’Etat s’investisse pour qu’il ait plus de justice, plus d’équité, plus de qualité pour que le secteur privé puisse être réellement encouragé », susurre Hissein Adamou Camara.

La plupart des couturiers ou stylistes tchadiens sont souvent considérés comme des artisans au même titre que les autres c’est-à-dire les gens qui ont raté leur vie pour se trouver un métier tel que la couture pour survire. Mais, ce dernier sort du lot. « Je suis un professionnel avec un background pour offrir beaucoup de choses que les bureaucrates tchadiens. J’ai plusieurs casquettes. J’ai travaillé agent comptable, comptable, chef comptable, directeur financier, contrôleur de gestion et j’ai mis tout de côté pour gérer mon entreprise donc j’ai des outils en finances, des outils d’analyse », conclut-il.

  Djasrabé Ndingamndôh

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